«“But what do you have to lose? What importance does it have, for you, to be instantly recognized, thanks to the simplest and most infallible means? Only the criminal benefits from hiding…”. He did not fail to recognize the value of the reasoning, but he was not convinced. At that time, in fact, Mr. Bertillon’s procedure only threatened the criminal, and it remains so to this day. It was the meaning of the word criminal that expanded prodigiously, to the point of designating any citizen unfavorable to the Regime, the System, the Party, or the man who embodies them. […]

The idea that a citizen never before involved with his country’s Justice system should remain perfectly free to conceal his identity if he so wished, for reasons of which he was the sole judge or simply for pleasure, that any indiscretion by a police officer in this regard could not be tolerated without very serious reasons—this is an idea that no longer surfaces in anyone’s mind. The day is perhaps not far off when it will seem as natural to us to leave the key in the lock—so that the police can enter our homes day and night—as it is to open our wallets at any request. And when the State deems it more practical, in order to save the time of its countless inspectors, to impose an external mark upon us, why would we hesitate to let ourselves be branded with iron, on the cheek or the buttocks, like livestock? The purge of the Nonconformists, so dear to totalitarian regimes, would thus be immensely facilitated.» France Against the Robots - Georges Bernanos (1946)

  • rnercle@sh.itjust.works
    4·
    2 days ago

    « Que risquez-vous ? Que vous importe d’être instantanément reconnu, grâce au moyen le plus simple et le plus infaillible ? Le criminel seul trouve avantage à se cacher… » Il reconnaissait bien que le raisonnement n’était pas sans valeur, mais il ne se sentait pas convaincu. En ce temps-là, le procédé de M. Bertillon n’était en effet redoutable qu’au criminel, et il en est de même encore maintenant. C’est le mot de criminel dont le sens s’est prodigieusement élargi, jusqu’à désigner tout citoyen peu favorable au Régime, au Système, au Parti, ou à l’homme qui les incarne. […]

    L’idée qu’un citoyen, qui n’a jamais eu affaire à la Justice de son pays, devrait rester parfaitement libre de dissimuler son identité à qui lui plaît, pour des motifs dont il est seul juge, ou simplement pour son plaisir, que toute indiscrétion d’un policier sur ce chapitre ne saurait être tolérée sans les raisons les plus graves, cette idée ne vient plus à l’esprit de personne. Le jour n’est pas loin peut-être où il nous semblera aussi naturel de laisser notre clef dans la serrure, afin que la police puisse entrer chez nous nuit et jour, que d’ouvrir notre portefeuille à toute réquisition. Et lorsque l’État jugera plus pratique, afin d’épargner le temps de ses innombrables contrôleurs, de nous imposer une marque extérieure, pourquoi hésiterions-nous à nous laisser marquer au fer, à la joue ou à la fesse, comme le bétail ? L’épuration des Mal-Pensants, si chère aux régimes totalitaires, en serait grandement facilitée.